Le 18 juin 2009, Alexandra Lange a tué d’un coup de couteau son époux qui la battait. Elle a été acquittée. Aujourd’hui, elle se raconte dans un récit bouleversant.
ACQUITTÉE APRÈS VOIR TUÉ SON MARI
C’est une femme douce au regard encore lourd des détresses passées. « Je suis vivante », murmure-t-elle, étonnée. Pour rester en vie, Alexandra Lange a tué d’un coup de couteau son mari, Marcelino, qui la battait, l’insultait, l’humiliait depuis douze ans sous les yeux de leurs quatre enfants, frappés souvent eux aussi. Elle a tué et, pourtant, elle est libre et c’est une victoire pour elle et pour toutes les femmes qui subissent la violence conjugale, parfois jusqu’à en mourir. En droit, désormais, un arrêt porte son nom, car, le 23 mars dernier, la cour d’assises de Douai l’a acquittée, la considérant comme une victime et non comme une coupable. Une première en France. Un procès exemplaire où même le procureur Luc Frémiot s’est rangé au côté de l’accusée, dénonçant les institutions indifférentes à ces tragédies domestiques ou trop lentes à intervenir. Dans un récit bouleversant, « Acquittée » (éd. Michel Lafon), Alexandra lève un voile noir sur sa descente aux enfers pour expliquer, sinon justifier, qu’elle ait pu ôter une vie et pour que les femmes battues soient mieux secourues. A 33 ans, elle tente maintenant de se reconstruire.
Pourquoi ?
Sans doute Alexandra est-elle restée au début par amour.
Il y a eu les promesses, également.
Puis les coups, les insultes, les humiliations, les viols, les strangulations, la peur.
C'est cette peur qui l'empêche de partir.
Peur de se retrouver à la rue avec ses enfants, peur des représailles sur ses proches, peur des menaces de son mari : "Si tu fais ça, je te tuerai." Le soir du drame, Alexandra lui annonce qu'elle va partir.
L'ultime tentative d'étranglement la terrifie au point qu'elle commet le geste fatal.
En reconnaissant ici la légitime défense, la justice française a braqué les projecteurs sur les victimes de violences conjugales.
Un témoignage adressé à nous tous, un appel à l'aide pour ces femmes en danger.